
Le climat politique fragile de la France pourrait précipiter l’économie du pays en récession, selon Alexandre Bompard, directeur général de Carrefour SA, le plus grand distributeur européen.
S’exprimant mardi lors du rassemblement annuel du Medef, le lobby patronal français, Bompard a dressé un tableau préoccupant de l’impact de l’incertitude actuelle sur la confiance des consommateurs. Il a estimé que l’instabilité politique, qui s’est intensifiée ces derniers jours, pousse les ménages à hésiter avant de dépenser — une tendance qui menace de freiner la croissance.
«Plus l’incertitude est grande — comme c’est le cas aujourd’hui, l’illustration en étant donnée par la nouvelle incertitude apparue ces derniers jours — plus le risque d’un impact économique fort est élevé », a expliqué Bompard. « Lorsque les consommateurs commencent à différer leurs achats, nous recréons le risque d’une récession. »
Depuis plusieurs mois, la consommation des ménages constitue le principal moteur qui maintient l’économie française à flot. Avec une inflation légèrement en recul et des salaires montrant des signes d’amélioration, les foyers recommençaient prudemment à fréquenter les magasins. Mais cette dynamique est désormais menacée. Les acheteurs hésitent à engager de grosses dépenses, les entreprises ralentissent leurs investissements, et des acteurs comme Carrefour commencent à ressentir les secousses.
L’avertissement de Bompard reflète un malaise grandissant chez les dirigeants d’entreprise. Beaucoup redoutent que si les ménages se replient davantage, le ralentissement ne s’accélère brutalement. La France doit déjà composer avec une croissance atone, une dette publique élevée et des pressions inflationnistes persistantes. La turbulence politique ajoute une nouvelle couche de fragilité.
Les économistes décrivent souvent le moral des ménages comme le « cœur battant » de l’économie française. Lorsque la confiance s’érode, l’effet se propage rapidement — des supermarchés et restaurants aux marchés immobiliers et aux ventes automobiles. C’est précisément ce risque d’effet domino que Bompard met en garde.
Ses propos au Medef soulignent à quel point les chefs d’entreprise sont sensibles aux évolutions de l’opinion publique. « Il ne s’agit pas seulement des chiffres d’aujourd’hui », a relevé un participant. « Tout dépend de la perception des gens : pensent-ils que demain sera meilleur ou pire ? Si le doute s’installe, l’économie peut s’enrayer en quelques semaines, pas en quelques mois. »
La crainte est que les divisions politiques, l’incertitude autour des politiques publiques et les manifestations — que la France connaît régulièrement ces dernières années — se conjuguent pour étouffer la fragile reprise. Les remarques de Bompard suggèrent que même des secteurs réputés résilients comme la distribution commencent à percevoir des signaux d’alerte.
Alors que la France traverse cette zone de turbulences politiques, le message de l’un des PDG les plus influents du pays est clair : la stabilité compte, non seulement pour les gouvernements, mais aussi pour chaque foyer qui doit décider s’il dépense ou s’il épargne. Foto- ActuaLitté, Wikimedia commons.

















































































































































































