Le président Emmanuel Macron devrait nommer un nouveau Premier ministre dans les deux prochains jours, a indiqué l’Élysée. L’annonce intervient alors que la spéculation grandissait sur la
possibilité de nouvelles élections législatives — une option qui semble désormais s’éloigner.
Le Premier ministre sortant, Sébastien Lecornu, a déclaré mercredi qu’après deux jours de discussions avec les partis politiques, il apparaissait clairement que la majorité des députés souhaitaient éviter un nouveau scrutin.
« Il existe une majorité au Parlement qui veut à tout prix éviter de nouvelles élections », a-t-il affirmé.
Lecornu, proche allié de Macron, est devenu lundi le troisième Premier ministre français en moins d’un an à quitter ses fonctions, symbole des difficultés d’un Parlement profondément divisé, sans majorité claire.
À la demande du président, Lecornu a accepté de rester temporairement en poste afin d’aider à bâtir un consensus et de trouver une issue à la crise politique actuelle.
Lors d’une interview télévisée très attendue mercredi soir, Lecornu n’a pas révélé qui pourrait lui succéder, sans pour autant s’exclure totalement. Il a ajouté que, malgré leur opposition à de nouvelles élections, la plupart des députés reconnaissaient la nécessité urgente d’adopter le budget national avant la fin de l’année.
Cependant, il a admis que la formation d’un gouvernement restait « compliquée » en raison des divisions persistantes et des manœuvres politiques déjà tournées vers la présidentielle de 2027.
« Celui ou celle qui formera le prochain gouvernement devra être totalement détaché(e) de toute ambition présidentielle pour 2027 », a averti Lecornu.
L’impasse politique actuelle remonte aux élections anticipées de juillet 2024, qui n’ont donné de majorité absolue à aucun parti. Depuis, l’adoption de lois — y compris du budget — s’est révélée presque impossible.
La dette publique française, qui s’élève à 3 400 milliards d’euros (environ 3,6 billions de dollars), soit 114 % du PIB, représente l’un des plus grands défis. C’est la troisième plus élevée de la zone euro après la Grèce et l’Italie. Les deux prédécesseurs de Lecornu, Michel Barnier et François Bayrou, ont d’ailleurs été renversés par des motions de censure après avoir présenté des budgets d’austérité.
Lecornu a précisé que son propre projet de budget serait dévoilé la semaine prochaine et resterait « ouvert au débat ». Il a toutefois exhorté les partis à ne pas le rejeter avant de l’avoir examiné.
Il a également reconnu qu’il faudrait rouvrir le dossier explosif de la réforme des retraites de Macron, l’une des plus contestées de ces dernières années. « Nous devons trouver un moyen de relancer ce débat », a-t-il déclaré.
Malgré son appel à la coopération, les oppositions restent campées sur leurs positions.
Mathilde Panot, de la France insoumise (LFI), a affirmé peu après l’interview que « la seule issue » était « la démission et le départ d’Emmanuel Macron ».
À l’extrême droite, Marine Le Pen, cheffe du Rassemblement national, a réitéré sa demande de nouvelles élections et promis de voter contre tout nouveau gouvernement.
À ce stade, il reste incertain quelles forces politiques pourraient soutenir le prochain exécutif. La coalition centriste et républicaine qui gouvernait depuis l’an dernier semble s’être effondrée. La grande question est désormais de savoir si Lecornu a réussi à rallier les socialistes, anciens membres du bloc de gauche lors des élections, pour appuyer la formation d’un gouvernement.
Interrogé sur les appels à la démission du président — y compris celui de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe —, Lecornu a défendu Emmanuel Macron.
« Ce n’est pas le moment de changer de président », a-t-il insisté, estimant que la France avait besoin de stabilité et de continuité sur la scène internationale.
Mais l’isolement du chef de l’État semble grandir. Gabriel Attal, autrefois considéré comme son protégé, a déclaré cette semaine qu’il « ne comprenait plus » le président et a appelé à la nomination d’un médiateur indépendant pour diriger le gouvernement.
Macron, pour sa part, est resté silencieux depuis la démission surprise de Lecornu lundi matin. Selon ce dernier, le président s’adressera aux Français “en temps voulu”, sans préciser de date. Photo by Jacques Paquier, Wikimedia commons.

















































































































































































